Macroéconomie L3

 Présentation du cours de macroéconomie

Licence 3ème année

Université Paris Dauphine


F. Arestoff, P. De Vreyer, H. Lenoble, B. Venet

Année 2010-2011

Le cours traite de la politique économique, à savoir les actions que peut entreprendre l'Etat, ou toute autre autorité nationale ou supranationale, en vue d'améliorer le fonctionnement des marchés.

Comment et en quelles circonstances peut-on « conduire » la politique économique ? Nous verrons que celle-ci peut revêtir plusieurs formes selon l'instrument qui est employé et l'effet recherché. On distingue traditionnellement quatre types de politique: 

  • la politique budgétaire et fiscale, qui consiste à fixer le niveau et la nature des dépenses publiques, d'une part, ainsi que le niveau des recettes et la façon de les prélever, d'autre part;

  • la politique monétaire, qui consiste à contrôler la quantité de monnaie en circulation dans l'économie;

  • la politique de change, qui consiste à fixer (ou, au contraire à ne pas contrôler) la valeur de la monnaie nationale par rapport aux devises;

  • la politique structurelle, qui consiste à agir sur les « fondamentaux » de l'économie, à savoir le fonctionnement du marché du travail, la régulation du marché des biens et services etc.

Les politiques d'inspiration libérale qui ont marqué l'histoire économique des 30 dernières années, ont été caractérisées par un rejet de la pertinence des politiques monétaire, budgétaire et de change, au profit de la seule politique structurelle. Les années 1970 ont été caractérisées par un contexte de forte inflation, accompagnée d'un chômage persistant, qui a conduit à une remise en cause radicale de l'intervention de l'Etat dans la conduite de l'économie. En particulier les gouvernements se sont vus privés de la conduite de la politique monétaire, car ils n'ont pas été jugés crédibles pour lutter contre l'inflation, dès lors que celle-ci risquait de conduire à des niveaux élevés de chômage. La politique budgétaire a également été soumise à de nombreuses critiques, car la montée des déficits menace la solvabilité à long terme des Nations, évince les entreprises du marché du crédit en conduisant à une augmentation des taux d'intérêt, favorise une inflation élevée et menace la stabilité de la monnaie sur le marché des changes. Enfin la politique de change fixes qui avait été adoptée suite à la conférence de Bretton Woods a volé en éclat en 1971 lorsque les Etats-Unis ont décidé de façon unilatérale de suspendre la convertibilité du dollar (jusqu'à cette date toutes les monnaies qui adhéraient au système pouvaient être librement converties en dollar selon un taux fixe). Dès lors les monnaies se sont mises à « flotter » librement. Cependant les européens se sont organisés pour rétablir, à l'intérieur de l'espace économique européen, un système de change semi-fixe, qui a finalement abouti à la création de l'Euro le 1er janvier 1999. Depuis lors la politique monétaire des pays membres de la « zone euro » est conduite par la Banque Centrale Européenne, indépendante du pouvoir politique. Les Etats membres sont de plus liés par un pacte de stabilité qui réduit les marges de manœuvre de la politique budgétaire, en fixant des limites au niveau du déficit budgétaire et de l'endettement.

Dans ce contexte, seule la politique structurelle reste du domaine d'intervention de l'Etat. Il s'agit d'adapter le mode de fonctionnement de l'économie dans un contexte de concurrence internationale accrue, où les capitaux sont mobiles et s'investissent là où les rendements sont les plus élevés.


Aujourd'hui le contexte a changé. La crise économique qui s'est ouverte en septembre 2008 avec la faillite de la banque Lehman Brothers, elle même conséquence de la crise dite des « subprimes » dont l'origine remonte au mois de juillet 2007, a redonné une légitimité à l'intervention des pouvoirs publics dans la conduite des politiques économiques. Des gouvernements que l'on jugeait hier comme « ultra-libéraux » redécouvrent aujourd'hui les « vertus » de l'intervention publique. Cependant, il est peu probable que l'on en revienne aux modes d'intervention des années 50 et 60. La science économique a depuis fait beaucoup de progrès et l'on sait mieux ce qu'il faut faire, ou ne pas faire, pour éviter de retrouver une situation semblable aux années 1970.

Le cours a pour objectif de donner une présentation de l'avancée de la réflexion sur les instruments de politique économique, en se concentrant sur les politique monétaire et budgétaire. Il est divisé en 5 chapitres.

Le premier chapitre est consacré à la présentation du cadre macro-économique qui nous accompagnera tout au long du cours. Vous avez rencontré au cours de vos études antérieures le modèle IS-LM. Ce modèle présente, dans un cadre statique, l'équilibre simultané sur les marchés des biens et services, d'une part, et de la monnaie, d'autre part. Le chapitre  présente une version "augmentée" de ce modèle, dans laquelle le marché du travail est modélisé en plus des marchés de la monnaie et des biens et services. Le modèle qui en résultera, appelé modèle « Offre globale – Demande globale », constituera le cadre de base de raisonnement pour la suite du cours.

Les chapitres 2 et 3 seront consacrés à la politique monétaire. Dans le chapitre 2, nous examinerons la relation entre inflation et chômage. L'intérêt pour cette relation remonte à la « découverte » de la courbe de Phillips, en 1958. A l'époque cet économiste a démontré l'existence d'une relation décroissante entre taux de croissance des salaires et taux de chômage. La croissance des salaires nominaux étant étroitement reliée à celle des prix, la relation, que l'on croyait stable à l'époque, offrait un « menu » aux autorités en charge de la conduite de la politique économique. Une faible inflation supposait un taux de chômage relativement élevé. A l'inverse, la baisse du chômage supposait d'accepter une croissance des prix plus forte. Cette mécanique, connue sous le nom de « consensus keynésien », a constitué le fondement des politiques économiques menées dans les années 50 et 60. Elle a commencé à se dérégler à la fin des années 60, lorsqu'un phénomène nouveau a été observé, à savoir une inversion de la relation de Phillips, avec notamment des périodes d'accroissement simultané des prix et du chômage. Ce que l'on a par la suite appelé la « stagflation » a sonné le glas du consensus keynésien et ouvert la voie aux politiques libérales. Les monétaristes ont été les premiers à offrir une explication à ce phénomène. Selon leur analyse, l'efficacité du consensus keynésien ne peut être que provisoire car il repose sur une erreur commise par les agents lorsqu'ils anticipent le taux d'inflation. En particulier si les salariés négocient leur salaire en sous estimant le rythme d'accroissement des prix, le coût réel du travail diminue et avec lui le niveau du chômage. Mais lorsque les salariés réalisent leur erreur, ils exigent de nouvelles hausses de salaire et le chômage repart à la hausse. La seule façon de faire baisser durablement le chômage est alors de tromper perpétuellement les agents, de façon à ce qu'ils sous-estiment en permanence les prix. Mais comme les agents apprennent le processus, cela suppose d'accepter un rythme d'augmentation des prix toujours plus élevé, ce qui n'est pas tenable à terme. Dans le chapitre 3 nous verrons quels problèmes ce raisonnement pose aux autorités en termes de crédibilité lorsqu'elles désirent lutter contre l'inflation. L'idée de base est la suivante: puisque le chômage baisse lorsque les agents sous-estiment le rythme de croissance des prix, le pouvoir politique, qui sait que les électeurs craignent en général plus le chômage que l'inflation, est incité à tromper les agents et à laisser « filer » les prix au delà de ce qu'il annonce.

Les chapitres 4 et 5 sont consacrés à la politique budgétaire et fiscale. Le chapitre 4 traite de la politique budgétaire, c'est à dire de la fixation du niveau du déficit (ou de l'excédent) budgétaire et de son impact sur l'activité économique. Cette question est aujourd'hui particulièrement d'actualité au moment où tous les gouvernements décident de politiques de « relance » pour lutter contre la récession. Nous verrons tout d'abord quels sont les impacts théoriques de ce type de politique dans le cadre du modèle exposé au chapitre 1. Puis nous concentrerons notre attention sur les questions relatives à la dette et à la solvabilité des Etats, dont on peut craindre qu'elles occupent le centre des débats dans quelques années si les politiques de relance conduisent à une forte augmentation des déficits et si les effets en termes de croissance se font trop attendre. Ce chapitre traitera également de la coordination des politiques économiques et du pacte de stabilité et de croissance européen. La chapitre 5 sera consacré à la politique fiscale. Dans un contexte où la politique budgétaire, au sens restreint tel que défini au chapitre 4, est contrainte par les engagements internationaux, la politique fiscale demeure un des derniers leviers d'action de l'Etat. Nous nous intéresserons dans ce chapitre à la structure des prélèvements que l'Etat effectue au nom de l'intérêt général. De quelle nature sont ces prélèvements et à quoi servent-ils ? Quels sont leurs impacts en termes d'efficacité économique et de redistribution des ressources ? Existe-t-il une façon optimale de prélever l'impôt ? La fiscalité peut-elle servir à corriger les imperfections du fonctionnement des marchés ? De quelle autonomie les Etats disposent-ils dans l'établissement de leur politique fiscale ?

Principales références:

Bénassy-Quéré, A., Coeuré, B., Jacquet, P. et Pisani-Ferry, J.: « Politique économique », de Boeck ed., 2004 (ci-dessous désigné par Bénassy-Quéré et alli.)

Blanchard, O. et Cohen, D.: « Macroéconomie », Pearson Education ed., 3ème édition, 2004 (ci-dessous désigné par B&C)

Romer, D.: « Macroéconomie approfondie », McGraw-Hill/Ediscience ed., 1997.

Chapitre 1: B&C, chapitres 7 et 8.

Chapitre 2: B&C, chapitres 9 et 10, Romer, chapitres 5 et 6.

Chapitre 3: B&C, chapitre 10, Romer, chapitre 9.

Chapitre 4: Bénassy-Quéré et alli., chapitre 4.

Chapitre 5: Bénassy-Quéré et alli., chapitre 7.


Polycopié du cours de pré-rentrée

Exercices de la pré-rentrée

Correction des exercices de la pré-rentrée

Chapitre 1 du cours de macroéconomie

Enoncé de travaux dirigés cours de Macroéconomie (chap. 1)

Correction des exercices du chapitre 1

Chapitre 2 (cours et exercices) macroéconomie

Corrigé des exercices du chapitre 2

Chapitre 3 du cours de macroéconomie

Enoncé des exercices du chapitre 3

Chapitre 4 du cours de macroéconomie

Chapitre 5 du cours de macroéconomie

Corrigé des exercices du chapitre 3

Enoncé de l'examen de CC 2010 et correction